
La promesse est séduisante : parcourir l’archipel japonais en train sans compter, passer de Tokyo à Kyoto puis Osaka en quelques heures, s’offrir un détour spontané vers les Alpes japonaises. Depuis octobre 2023, cette liberté a un prix radicalement différent. L’augmentation historique des tarifs a transformé une évidence budgétaire en décision stratégique qui mérite analyse.
La vraie question ne se résume plus à « combien coûte le Japan Rail Pass » mais à « comment évaluer précisément sa pertinence pour mon voyage ». Cette transformation impose une approche méthodique : partir de votre itinéraire personnel, calculer vos besoins réels, puis décider si le pass devient un outil de liberté ou une contrainte déguisée en économie.
Au-delà du simple calcul financier, le JR Pass interroge votre conception même du voyage au Japon. Certains voyageurs l’utilisent comme cadre structurant leur exploration multi-régionale, d’autres comme filet de sécurité autorisant la spontanéité. Cette distinction définit deux philosophies de voyage radicalement différentes, chacune avec ses avantages et ses pièges cachés.
Le JR Pass en 5 points essentiels
Le Japan Rail Pass permet des déplacements illimités sur le réseau JR, mais son augmentation de 70% en 2023 impose une évaluation rigoureuse de sa rentabilité. Calculez d’abord le coût réel de vos trajets prévus, puis comparez-le au prix du pass correspondant à votre durée de séjour. La valeur du pass dépasse le simple calcul monétaire : flexibilité d’itinéraire, confort des réservations gratuites et accès à des expériences spontanées enrichissent l’équation. Pour les séjours concentrés sur une ou deux régions, les passes régionaux offrent souvent un meilleur rapport qualité-prix. L’utilisation optimale exige de maîtriser les exceptions notables, notamment l’exclusion des trains Nozomi et Mizuho ainsi que des lignes privées.
Rentabilité du JR Pass : la méthode pour calculer votre seuil personnel
L’équation a changé du jour au lendemain. En octobre 2023, l’augmentation de 70% des tarifs du JR Pass a bouleversé les calculs que les voyageurs répétaient depuis des années. Le pass de 7 jours est passé de 29 650 à 50 000 yens, rendant obsolètes tous les conseils génériques fondés sur l’ancien barème.
Cette rupture tarifaire impose une méthodologie rigoureuse de calcul personnalisé. Fini les recommandations automatiques basées sur « si vous visitez plus de deux villes, prenez le pass ». Chaque itinéraire nécessite désormais une analyse chiffrée précise, en tenant compte non seulement des destinations mais aussi de la fréquence réelle des déplacements longue distance.
| Durée | Prix avant oct. 2023 | Prix après oct. 2023 | Augmentation |
|---|---|---|---|
| 7 jours | 29 650 ¥ | 50 000 ¥ | +68,6% |
| 14 jours | 47 250 ¥ | 80 000 ¥ | +69,3% |
| 21 jours | 60 450 ¥ | 100 000 ¥ | +65,4% |
La première étape consiste à identifier tous vos trajets longue distance prévus. Concentrez-vous uniquement sur les liaisons inter-villes empruntant le réseau JR, en excluant les métros urbains et lignes privées qui ne sont pas couverts par le pass. Un outil comme Google Maps ou Navitime permet d’obtenir les tarifs unitaires de chaque segment.
Notez ensuite le coût individuel de chaque trajet JR identifié. Un Tokyo-Kyoto en Shinkansen Hikari coûte environ 13 320 yens, un Kyoto-Hiroshima 11 600 yens, un Osaka-Tokyo 13 870 yens. Cette collecte de données forme la base factuelle de votre décision, bien plus fiable que les estimations approximatives.
Additionnez tous les coûts relevés et ajoutez une marge de 10% pour anticiper les trajets spontanés ou changements de plans. Cette réserve reflète la réalité du voyage : une excursion d’une journée imprévue, un détour pour visiter un temple recommandé sur place, un changement de rythme décidé en cours de route.
Méthode de calcul en 5 étapes
- Listez tous vos trajets prévus avec Google Maps ou Navitime
- Notez le coût individuel de chaque trajet JR
- Additionnez tous les coûts et comparez au prix du pass
- Ajoutez 10% de marge pour les trajets spontanés
- Considérez la valeur de la flexibilité dans votre calcul
Comparez ensuite ce total au prix du pass correspondant à la durée de votre séjour. Si vos trajets planifiés atteignent 45 000 yens et que le pass de 7 jours coûte 50 000 yens, l’écart de 5 000 yens représente le prix de la flexibilité totale. Cette différence minime peut justifier l’achat si vous valorisez la spontanéité, mais devient discutable si votre itinéraire est rigidement fixé.
L’erreur la plus fréquente consiste à surestimer le nombre de déplacements longue distance. Beaucoup de voyageurs calculent leur rentabilité en incluant tous les trajets urbains quotidiens, alors que les métros de Tokyo, Osaka ou Kyoto ne sont pas couverts par le JR Pass. Seules les lignes JR urbaines comme la Yamanote à Tokyo entrent dans l’équation.
Construire son itinéraire autour du pass ou acheter le pass pour son itinéraire
Deux chemins s’offrent au voyageur qui planifie son séjour au Japon. Le premier consiste à partir du JR Pass comme outil structurant, en concevant un itinéraire multi-destinations qui maximise son utilisation. Le second privilégie les envies authentiques de découverte, puis évalue si le pass s’impose naturellement. Cette distinction dépasse la simple question budgétaire pour interroger la nature même de votre voyage.
L’approche « pass-centric » séduit par sa logique économique. Puisque le pass coûte 50 000 yens pour 7 jours, autant multiplier les trajets longue distance pour rentabiliser l’investissement. Cette stratégie pousse naturellement vers des itinéraires denses : Tokyo-Kyoto-Osaka-Hiroshima-retour Tokyo en une semaine. Le calcul tient, les économies sont réelles, mais le rythme devient épuisant.
C’est une erreur fréquente motivée par de l’économie de bouts de ficelle, mais de nombreux voyageurs s’en mordent les doigts au retour
– Rédaction Kanpai, Kanpai.fr
Le piège psychologique du pass illimité mérite attention. La formule « tout compris » crée une pression implicite à multiplier les déplacements pour « rentabiliser ». Certains voyageurs se retrouvent ainsi à enchaîner les villes au pas de course, transformant la découverte culturelle en collection frénétique de destinations. La fatigue s’accumule, l’immersion superficielle remplace l’exploration authentique.
L’approche « destination-centric » inverse la logique. Vous identifiez d’abord les lieux qui vous attirent réellement, définissez le temps souhaité dans chaque endroit, puis calculez si le pass sert cette vision. Un voyageur passionné par l’architecture traditionnelle pourrait passer 5 jours à Kyoto, 3 jours à Kanazawa, 2 jours à Takayama. Le JR Pass reste pertinent, mais ne dicte plus le rythme ni les choix.
Cette philosophie s’aligne particulièrement bien avec les principes du slow travel. Privilégier trois destinations explorées en profondeur plutôt que sept survolées rapidement. Le pass devient alors un facilitateur de liberté plutôt qu’un générateur d’obligations déguisées. Vous pouvez décider de rester un jour de plus sans culpabilité de « perdre » une journée de pass.
La période de l’année influence aussi cette réflexion. Voyager pendant la meilleure période pour partir au Japon comme le printemps des cerisiers ou l’automne des érables pourrait justifier un rythme plus lent, avec plus de temps dans chaque lieu pour profiter des saisons.
Le Pass offre beaucoup de confort et de souplesse. Il incarne la praticité et l’efficacité du transport japonais, tout en permettant de découvrir des paysages variés et de vivre une expérience authentique de voyage ferroviaire.
– Voyageur indépendant, Évasions Rebelles
Les profils de voyageurs appellent des stratégies différenciées. L’explorateur urbain qui souhaite approfondir Tokyo, Osaka et Kyoto gagnera probablement à combiner passes urbains et quelques billets individuels. Le collectionneur de régions qui veut toucher Hokkaido, les Alpes japonaises et Kyushu trouve dans le pass de 21 jours un allié naturel. Le slow traveler qui s’installe deux semaines à Kyoto avec quelques excursions n’a objectivement pas besoin du pass national.
Maximiser la valeur du pass au-delà du simple comptage de trajets
La rentabilité du JR Pass ne se mesure pas uniquement en yens économisés par trajet. Une vision purement comptable ignore la valeur intangible de la flexibilité totale, le confort psychologique de ne jamais devoir calculer le coût d’un déplacement, l’ouverture à des expériences spontanées impossibles avec des billets individuels pré-réservés.
Considérez un scénario concret : vous êtes à Kyoto pour trois jours, votre planning prévoit ensuite Osaka. Une connaissance locale vous recommande une journée à Nara pour voir les daims et le Todai-ji, puis suggère un détour par Himeji pour son château spectaculaire. Avec des billets individuels, chaque modification implique calculs, files d’attente, décisions rationnelles. Avec le JR Pass, vous montez simplement dans le train.
Cette liberté de mouvement représente une valeur que les calculateurs d’itinéraire ne quantifient jamais. Selon une analyse d’utilisateurs réguliers, la valeur de la flexibilité ajoute environ 30% à l’équation pour les voyageurs qui privilégient la spontanéité. Ce chiffre n’apparaît dans aucun tableau comparatif, pourtant il transforme radicalement l’expérience de voyage.
Les opportunités de surclassement constituent un avantage méconnu. Le JR Pass première classe, plus onéreux, offre l’accès aux voitures Green Car sur tous les trains éligibles. Ces wagons au confort supérieur proposent sièges plus larges, espacement généreux, atmosphère calme. Pour les longs trajets comme Tokyo-Hiroshima, cette différence transforme quatre heures de transport en parenthèse reposante.

Le ferry JR vers Miyajima, inclus dans le pass, illustre ces avantages cachés. La plupart des guides mentionnent cette couverture en note de bas de page, mais l’expérience mérite valorisation : approcher le torii flottant par la mer, éviter les files du ferry payant, intégrer cette traversée maritime comme extension naturelle de votre voyage ferroviaire.
Opportunités méconnues du JR Pass
- Réservations gratuites de sièges sur tous les Shinkansen éligibles
- Accès aux trains Green Car avec le pass première classe
- Ferry JR vers Miyajima inclus dans le pass
- Bus JR locaux dans certaines villes touristiques
- Flexibilité totale pour changer d’itinéraire sans frais
L’arbitrage entre vitesse et expérience ouvre d’autres possibilités. Le pass autorise aussi bien le Shinkansen express Hikari que les trains locaux plus lents. Un trajet Tokyo-Kyoto peut se faire en 2h15 par Hikari, ou en 8h par trains régionaux en longeant la côte. Cette seconde option, impensable avec un billet plein tarif, devient une aventure accessible grâce au pass : paysages côtiers, arrêts dans des gares rurales, immersion différente dans le Japon quotidien.
Certaines lignes JR régionales traversent des paysages spectaculaires que les touristes pressés ignorent. La ligne Sanin le long de la mer du Japon, la Takayama Line dans les Alpes japonaises, la côte Pacifique entre Shizuoka et Nagoya. Le JR Pass transforme ces trajets « non optimaux » en options viables, enrichissant l’expérience bien au-delà du simple transport entre points A et B. Vous pourriez même explorer Kyoto en train depuis différents points d’accès pour découvrir des quartiers moins touristiques.
Le JR Pass permet de parcourir de nombreuses régions du Japon, mais nécessite une analyse coût-bénéfice plus approfondie
– Eko du Japon, Travel Planner spécialisé
La valeur temps mérite également considération. Chaque réservation avec le pass prend quelques minutes au guichet JR, contre les files d’attente répétées pour acheter des billets individuels à chaque trajet. Cette économie de temps et d’énergie mentale s’accumule sur une semaine ou deux de voyage. Vous consacrez moins de temps à la logistique, plus à la découverte effective.
Réservations, exceptions et utilisation quotidienne : le guide terrain
La théorie du JR Pass s’évapore face aux guichets japonais quand la barrière linguistique transforme une réservation simple en négociation gestuelle. La maîtrise des aspects pratiques sépare l’utilisateur confiant du voyageur stressé qui évite les réservations par peur de l’incompréhension. Quelques connaissances tactiques suffisent à éliminer cette friction.
Le bureau « Midori-no-madoguchi » devient votre point de contact privilégié dans chaque gare. Repérez le panneau vert avec des caractères blancs, souvent situé près de l’entrée principale des grandes gares. Le personnel y maîtrise généralement quelques mots d’anglais et possède des outils visuels pour faciliter la communication. Aux heures de pointe, privilégiez les guichets JR ordinaires si vous avez déjà votre pass activé.
La réservation elle-même suit un protocole simple. Présentez votre JR Pass et votre passeport, indiquez la destination en montrant le nom écrit en caractères romains, précisez la date et l’heure approximative. Le personnel propose généralement plusieurs options sur écran. Vous choisissez entre siège réservé ou voiture non-réservée, fenêtre ou couloir. Le ticket de réservation gratuit imprimé complète votre pass pour ce trajet spécifique.
| Train exclu | Ligne concernée | Alternative JR Pass |
|---|---|---|
| Nozomi | Tokaido/Sanyo Shinkansen | Hikari ou Kodama |
| Mizuho | Sanyo/Kyushu Shinkansen | Sakura |
| Lignes privées | Métros urbains | Lignes JR locales |
Les exclusions notables exigent vigilance. Les trains Nozomi et Mizuho, bien que circulant sur des lignes JR, restent interdits aux détenteurs du pass standard. Cette restriction frustrante ajoute 15 à 30 minutes sur certains trajets majeurs comme Tokyo-Kyoto. Le Hikari, légèrement plus lent, effectue quelques arrêts supplémentaires mais reste très confortable. Le Kodama, encore plus lent, dessert toutes les gares intermédiaires.
Optimisation stratégique de l’activation du pass
Une analyse détaillée montre qu’activer le pass après 2-3 jours à Tokyo permet d’économiser en moyenne 8000¥. L’utilisation stratégique consiste à grouper les longs trajets pendant la période de validité et utiliser des tickets individuels pour les déplacements urbains.
Les lignes privées représentent un autre piège fréquent. Le métro de Tokyo appartient à Tokyo Metro et Toei, pas à JR. La ligne Kintetsu vers Nara, la Hankyu entre Osaka et Kyoto, la ligne vers le mont Fuji depuis Kawaguchiko : aucune n’accepte le JR Pass. Vérifiez systématiquement l’opérateur de la ligne avant d’emprunter un train, sous peine de devoir payer un billet complet ou une amende.
La gestion tactique de l’activation détermine votre retour sur investissement. Le pass s’active lors de la première utilisation et couvre ensuite des jours consécutifs. Si vous arrivez à Tokyo pour quatre jours d’exploration urbaine avant de partir vers Kyoto, activez le pass le jour du départ vers Kyoto, pas à l’arrivée. Les quatre jours tokyoïtes se gèrent avec la carte Suica rechargeable, bien plus économique pour les trajets urbains courts.
Processus de réservation pas à pas
- Localiser le bureau JR « Midori-no-madoguchi » dans la gare
- Présenter votre JR Pass et passeport
- Indiquer destination, date et heure souhaitée
- Choisir entre siège réservé ou non-réservé
- Récupérer votre ticket de réservation gratuit
Les outils numériques facilitent considérablement la planification. Hyperdia, référence historique, affiche tous les horaires avec filtres par type de pass. Japan Transit Planner offre une interface plus moderne avec cartes intégrées. Google Maps fonctionne remarquablement bien au Japon, mais n’indique pas toujours clairement quelles lignes acceptent le JR Pass. Combinez plusieurs sources pour éviter les erreurs coûteuses.
Un dernier point pratique : conservez toujours votre pass et vos réservations accessibles. Les contrôleurs passent régulièrement dans les Shinkansen, particulièrement sur les liaisons très fréquentées. Présenter rapidement les documents évite les malentendus et démontre que vous maîtrisez les règles. Cette petite attention facilite grandement les interactions tout au long du voyage.
Quand le JR Pass n’est pas optimal : alternatives et stratégies hybrides
L’honnêteté impose de reconnaître une réalité que peu de guides touristiques assument : le JR Pass national représente parfois la pire option économique. Certains profils de voyage ne justifient tout simplement pas un investissement de 50 000 à 100 000 yens, quels que soient les calculs optimistes tentés pour forcer la rentabilité.
Un séjour concentré sur Tokyo et Kyoto avec un aller-retour unique illustre parfaitement cette situation. Le trajet Tokyo-Kyoto coûte 13 320 yens par personne en Hikari. Un aller-retour représente donc 26 640 yens, soit presque la moitié du prix du pass 7 jours. Les trajets urbains quotidiens à Tokyo et Kyoto, majoritairement sur métro et lignes privées, ne bénéficient pas du pass. Le calcul devient absurde : payer 50 000 yens pour économiser… rien du tout.
Les voyages courts de moins de 5 jours tombent généralement dans la même catégorie. Même avec deux ou trois trajets longue distance, vous peinez à atteindre le seuil de rentabilité du pass 7 jours. L’achat de billets individuels, éventuellement en réservant à l’avance pour certains trajets spécifiques, s’impose comme solution rationnelle. Cette approche évite aussi de gaspiller les jours de pass non utilisés.
| Pass régional | Zone couverte | Prix (¥) | Économie vs JR Pass 7j |
|---|---|---|---|
| Kansai Area Pass | Kyoto-Osaka-Nara | 2 400 (1j) | 95% |
| Hokkaido Rail Pass | Tout Hokkaido | 27 000 (7j) | 46% |
| Hokuriku Arch Pass | Tokyo-Kanazawa-Osaka | 30 000 (7j) | 40% |
Les passes régionaux méritent une attention particulière. Le Kansai Area Pass à 2 400 yens par jour couvre parfaitement un séjour centré sur Kyoto, Osaka, Nara et Kobe. Pour 12 000 yens sur 5 jours, vous accédez à tous les trains JR régionaux de la zone, plus certains trains express vers l’aéroport du Kansai. L’économie face au pass national atteint 76%, tout en offrant une couverture identique pour votre zone de voyage.
Le Hokuriku Arch Pass illustre une stratégie hybride intelligente. À 30 000 yens pour 7 jours, il couvre l’axe Tokyo-Kanazawa-Kyoto-Osaka, incluant les Shinkansen sur ces lignes. Pour un voyageur qui souhaite découvrir les Alpes japonaises depuis Tokyo puis rejoindre Kyoto, ce pass régional offre exactement la couverture nécessaire à 40% moins cher que le pass national.
Les passes régionaux offrent une flexibilité similaire au JR Pass, mais à une fraction du coût, surtout si vous prévoyez de rester dans une seule région
– The Travel Intern, Guide comparatif passes régionaux
Les stratégies mixtes combinent intelligemment plusieurs outils. Un voyageur pourrait utiliser le Kansai Area Pass pour une semaine dans la région de Kyoto-Osaka, puis acheter un billet individuel Tokyo-Kyoto pour la liaison finale. Total : environ 25 000 yens contre 50 000 pour le JR Pass national, avec une couverture parfaitement adaptée à l’itinéraire réel. Cette approche exige plus de planification mais récompense par des économies substantielles.
Analyse comparative du Kansai WIDE Area Pass
L’étude du Kansai WIDE Area Pass montre qu’un voyageur restant 5 jours dans la région économise en moyenne 20 000¥ par rapport au JR Pass national, tout en accédant aux mêmes services régionaux incluant certains shinkansen locaux.
Trois itinéraires types où les alternatives surpassent le JR Pass méritent analyse. Premier cas : Tokyo 4 jours, Kyoto 3 jours, retour Tokyo. Solution optimale : carte Suica pour Tokyo, billet individuel Tokyo-Kyoto aller-retour, Kansai Area Pass 3 jours pour Kyoto et excursions vers Nara et Osaka. Économie totale : environ 22 000 yens.
Deuxième cas : séjour d’une semaine entièrement à Hokkaido depuis Tokyo. Le vol Tokyo-Sapporo coûte souvent moins cher qu’un aller-retour Shinkansen, et le Hokkaido Rail Pass à 27 000 yens couvre ensuite toute la région. Cette combinaison vol + pass régional économise 15 000 à 20 000 yens par rapport au JR Pass national utilisé uniquement pour accéder à Hokkaido puis circuler sur place.
Troisième cas : exploration approfondie du Kansai avec excursions multiples. Kyoto 5 jours, Osaka 2 jours, Nara, Kobe, Himeji, mont Koya. Le Kansai WIDE Area Pass à 12 000 yens pour 5 jours couvre tous ces trajets, y compris les trains express limités. Extension possible avec un second pass pour les jours suivants, restant bien en deçà du coût du JR Pass national.
Cette honnêteté dans l’évaluation renforce paradoxalement la crédibilité de la recommandation du JR Pass quand il s’impose réellement. Le pass national reste l’outil optimal pour les itinéraires multi-régionaux avec déplacements fréquents : Tokyo-Kyoto-Hiroshima-Fukuoka, Tokyo-Kanazawa-Kyoto-Tokyo, exploration combinée Kansai-Kanto-Kyushu. Dans ces configurations, aucune alternative ne rivalise en termes de rapport valeur-flexibilité.
À retenir
- L’augmentation de 70% en 2023 impose un calcul personnalisé rigoureux plutôt que des recommandations génériques automatiques
- La valeur du pass dépasse le strict calcul financier en incluant flexibilité, spontanéité et confort psychologique des réservations illimitées
- L’activation stratégique après les jours urbains et le regroupement des trajets longue distance optimisent significativement la rentabilité
- Les passes régionaux Kansai, Hokuriku ou Hokkaido surpassent souvent le pass national pour les séjours concentrés sur une zone
- Les trains Nozomi et Mizuho restent exclus du pass standard malgré leur exploitation par JR sur les lignes principales
Conclusion : du calcul à la décision éclairée
Le Japan Rail Pass a perdu son statut d’évidence budgétaire pour devenir un outil stratégique qui exige discernement. Cette transformation, loin de constituer une régression, impose une réflexion bénéfique sur la nature de votre voyage au Japon. La question n’est plus « dois-je prendre le pass » mais « quel outil de transport sert le mieux mon projet de découverte ».
Les chiffres forment le socle de la décision : calculez précisément vos trajets, comparez aux alternatives régionales, évaluez le seuil de rentabilité selon votre itinéraire exact. Mais l’équation complète intègre des facteurs qualitatifs difficilement quantifiables. La valeur de pouvoir changer d’avis sans pénalité financière, le confort de monter dans un train sans calcul mental préalable, l’ouverture aux détours spontanés qui enrichissent souvent plus que les destinations planifiées.
Cette double évaluation – rationnelle et intuitive – mène à des choix différenciés selon les profils. Le voyageur organisé qui construit méticuleusement son itinéraire avant le départ trouvera peut-être plus de valeur dans les passes régionaux ciblés et quelques billets individuels. Le découvreur spontané qui valorise la liberté de mouvement justifiera l’investissement dans le pass national malgré une rentabilité comptable limite. Les deux approches sont légitimes, tant qu’elles résultent d’une analyse consciente plutôt que d’un automatisme.
Le réseau ferroviaire japonais offre finalement une palette d’options adaptées à chaque style de voyage. Passes nationaux, régionaux, billets individuels, cartes rechargeables urbaines : cette diversité permet d’optimiser précisément la solution à votre situation. L’ère du « tout le monde devrait prendre le JR Pass » est révolue. L’ère de la personnalisation éclairée commence, et elle offre paradoxalement plus de liberté qu’auparavant à qui accepte d’investir quelques heures dans la planification stratégique.
Questions fréquentes sur le Japan Rail Pass
Le JR Pass reste-t-il intéressant après l’augmentation de 2023 ?
Pour des voyages multi-régions sur 7 jours ou plus avec plusieurs trajets longue distance, le pass conserve sa pertinence économique et pratique. En revanche, pour des séjours concentrés sur une ou deux villes avec peu de déplacements inter-régionaux, les alternatives régionales ou les billets individuels offrent généralement un meilleur rapport qualité-prix. La clé réside dans un calcul personnalisé précis de vos trajets prévus comparé au coût du pass correspondant à votre durée de séjour.
Faut-il adapter son voyage au pass ou l’inverse ?
Privilégiez toujours vos envies authentiques de découverte en premier lieu. Le pass doit servir votre projet de voyage et faciliter vos déplacements, pas dicter un itinéraire frénétique uniquement pour rentabiliser l’investissement. Si vos destinations souhaitées et votre rythme de voyage naturel rendent le pass rentable, alors il devient l’outil idéal. Sinon, les passes régionaux ou billets individuels respecteront mieux votre conception du voyage sans compromettre votre budget.
Quels trains ne sont pas couverts par le JR Pass ?
Les trains Nozomi et Mizuho, bien qu’exploités par JR sur les lignes Tokaido, Sanyo et Kyushu Shinkansen, sont exclus du pass standard. Utilisez les trains Hikari, Sakura ou Kodama comme alternatives légèrement plus lentes. Les lignes de métro urbain, les trains privés comme Kintetsu ou Hankyu, et certaines lignes touristiques spéciales ne sont également pas couverts. Vérifiez toujours que le logo JR apparaît sur la ligne avant de monter dans un train.
Quand faut-il activer son JR Pass ?
Activez votre pass le jour de votre premier trajet longue distance, pas nécessairement le jour de votre arrivée au Japon. Si vous passez plusieurs jours dans une seule ville à votre arrivée, utilisez les transports urbains locaux et n’activez le pass que lorsque vous commencez vos déplacements inter-régionaux. Cette stratégie maximise les jours de validité consécutifs pour les trajets qui justifient réellement le pass, optimisant ainsi votre retour sur investissement.